RÉSUMÉ
Arnolphe séquestre Agnès, sa pupille, depuis son enfance pour l'épouser lorsqu'elle aura atteint l'âge adulte. Mais la jeune fille s'est éprise d'un jeune homme qui passait sous sa fenêtre. De quoi affoler son tuteur, qui projetait d'en faire une femme soumise incapable de le tromper.
FICHE TECHNIQUE
Auteur: Molière
Mise en scène: M. Jean-Paul Roussillon
Décor et costumes: M. Jacques Le Marquet
REPRÉSENTATIONS
Comédie-Française, du 7 mai au 1973 au 4 mai 1974
Soirées à 20h30: 7, 8, 10, 11, 12, 13, 17, 18, 24, 26, 27 et 30 mai 1973 - 3, 7, 8, 13, 18, 19, 21, 22, 25, 26, 27 & 29 juin 1973 - 4, 7, 9, 12, 16 & 20 juillet 1973 - 15, 17, 19 & 23 septembre 1973 - 23 février 1974 - 3, 8, 10, 16 & 29 mars 1974 - 4 & 16 avril 1974 - 4 mai 1974
Matinées à 14h30: 9 & 20 mai 1973 - 3, 11, 24 & 27 juin 1973 - 8 juillet 1973 - 26 septembre 1973 - 27 février 1974 - 2, 6, 13 & 20 mars 1974 - 3, 10, 17 & 24 avril 1974
AVEC
MM. Pierre Dux (Arnophe, en alternance), Michel Aumont (Arnolphe, en alternance), Michel Duchaussoy Horace, en alternance), Raymond Acquaviva (Horace, en alternance), Marco-Béhar (Enrique), Jean-Paul Moulinot (Alain), André Reybaz (Le Notaire), Louis Arbessier (Oronte), Georges Riquier (Chrysalde)
Mmes Denise Gence (Georgette), Isabelle Adjani (Agnès)
Isabelle Adjani obtint le Prix de la Critique pour son interprétation du rôle d'Agnès.
© Comédie-Française - Roger Viollet, Getty images - Patrice Picot - Lipnitzki, AFP
SÉLECTION DE CRITIQUES
"Les mécontents n'aiment sûrement pas Molière..."
Ne croyez pas ceux qui dénigreront le spectacle - ou plaignez-les. C'est d'abord qu'ils ne s'y connaîtronts point en théâtre. Ensuite, qu'ils n'auront pas apprécié les très beaux, très heureux, très harmonieux costumes de velours tabac noir... D'autre part, les mécontents n'aiment sûrement pas Molière autant que nous car, comme dit l'autre, "ce n'est pas pour me vanter", mais de ce texte archi-connu, j'ai oui, grâce à l'actuelle représentation, des passages que je n'avais point jusqu'alors vraiment entendus.
Jean-Jacques Gautier, Le Figaro, 14 mai 1973
"Des accents nouveaux"
D'Arnolphe et d'Agnès, Roussillon tire des accents nouveaux. Ce que la comédie perd en malice, en impertinence, en savoureux burlesque, elle le gagne avec lui en humour noir, en violence, en absurde, en dissonance tragico-comique... Reste que cette seombre École des femmes a été montée avec passion et qu'elle est passionnante jusque dans ses partis-pris. Molière l'aurait regardée, je pense, avec une intense curiosité.
Gilbert Guilleminault, L'Aurore, 12 mai 1973
"Admirables"
Le plaisir de la soirée est dû en grande partie aux comédiens, tous admirables. Depuis le couple de valets-geoliers - Denise Gence et Jean-Paul Moulinot - ahuris et stupides à souhait...
Jean Mara, Minute, 23 mai 1973
"Difficile de choisir"
A l'Arnolphe de Pierre Dux, monstre aveuglé par une réelle passion dont les moments de tendresse et d'humanité sombrent dans le ridicule et dont la déchéance finale nous touche, Michel Aumont oppose un personnage fanatique, ne doutant pas un instant de son bon droit ni de sa vérité... Il y a chez Pierre Dux des lueurs d'humanité et d'espoir qu'interdit le jeu de Michel Aumont, monstre froid, finalement brisé par une loi plus forte que la sienne, celle de la famille, mais monstre jusqu'au bout. Entre les deux, il est difficile de choisir.
Frédéric Mignon, Combat, 31 mai 1973
"Remarquables et opposés"
En alternance, Michel Aumont et Pierre Dux. A dire vrai, en dehors de toute diplomatie, ils sont tous deux remarquables... et opposés... Dux et Aumont sont des Arnolphe rigoureux, le premier pompeusement bonasse, gonflé de son importance et de sa bêtise, le second plus jeune... plus sadique...
Jacqueline Cartier, France Soir, 25 mai 1973
"Un couple"
Les deux Agnès, jouées par la même Isabelle Adjani, sont nettement distinctes. L'Agnès de Pierre Dux est terrorisée... L'Agnès de Michel Aumont est moins émue... Elle attend la fin de l'orage... (Dans Horace), Acquaviva est vivant, remuant, fiévreux. Avec Agnès, Acquaviva forme un couple : leur complicité saute aux yeux. Toute la pièce y trouve son compte...
Michel Cournot, Le Monde, 1er juin 1973
"Inoubliable"
On en a tant vu, des Agnès, et des meilleures. Celle-ci est inoubliable. Véritable jeunesse, émotion communicative, force et faiblesse, naturel, regard d'enfant martyr, féminité, tout y est. Point de mièvrerie, pas de gaucherie touchante, ni de métier précoce. En face de cet être vivant et souffrant, un étonnant Pierre Dux, qui mêle la sottise du "barbon" floué et qui en prend peu à peu conscience, à une sorte de cruauté scénique presque insoutenable, où perce l'affolement du deuxième âge...
Georges Lerminier, Le Parisien libéré, 19 mai 1973
"L'amour est le grand maître..."
Isabelle Adjani est parfaite, parce qu'elle a la beauté, la jeunesse, la fraîcheur du teint et du regard, mais aussi parce que la comédienne a une science innée de son rôle... Elle triomphe par la justesse du métier et surtout parce qu'elle seule semble avoir bien compris que, dans L'École des femmes, c'est Horace, et non Arnolphe, qui enseigne, et que l'amour est le grand maître...
Robert Kanters, L'Express, 21 mai 1973
"En triomphe"
L'École des femmes devient une action où l'on sourit encore parfois, où l'on tremble la plupart du temps. MM. Pierre Dux et Michel Aumont qui se partagent Arnolphe, le premier avec une froideur démoniaque, le second avec une vive passion animale, sont profondément haïssables. Et, si le spectateur est un vrai spectateur "premier degré", il devrait aller les attendre à la sortie pour leur dire à tous deux que "c'est bien fait" et non que "c'est dommage". Mais il portera en triomphe (et, avec elle, son Horace du jour, M. Michel Duchaussoy ou M. Raymond Acquaviva) la miraculeuse Agnès qu'est Isabelle Adjani.
Gilbert Chateau, La Nouvelle Revue Française, août 1973